Fondée en 2007 sous la direction d'Orlando Arriagada, Pimiento Médias se démarque en tant que maison de production incarnant la diversité au sein de l'industrie télévisuelle québécoise. Elle propose des documentaires captivants et authentiques, qui transcendent les genres et les formats.
Avec plus de 40 émissions, 5 000 heures de productions et des milliers de kilomètres parcourus à travers le monde, Pimiento Médias tourne son regard vers le Canada avec son dernier documentaire: "La Purge", produit et réalisé par Orlando Arriagada.
Ce documentaire plonge dans un chapitre sombre de l'histoire canadienne: la purge LGBT au sein du gouvernement fédéral canadien entre 1950 et 1996. Celle-ci a en particulier touché des individus issus de la fonction publique, de l'armée canadienne et de la GRC (Gendarmerie royale du Canada). Le documentaire met en lumière les conséquences dévastatrices de cette période, exposant les souffrances infligées à la communauté LGBT. Il révèle une facette méconnue du Canada, affirmant que la réconciliation avec un passé douloureux est essentielle pour forger un avenir égalitaire. Une exploration puissante, un rappel essentiel destiné au large public.
Orlando Arriagada, Nathalie Déry et Sylvie de Bellefeuille partagent en toute sincérité les coulisses de la réalisation de ce documentaire. Sylvie et Nathalie ont dirigé un processus de recherche extrêmement complet, qualifié par Orlando comme le plus exhaustif de sa carrière.
C'est à travers un article de presse que Nathalie a pris connaissance de cette tragique histoire, et qu'elle a ressenti l'obligation de la dévoiler. "Plus jamais quelqu'un ne devrait perdre son emploi ni être jugé en raison de son orientation sexuelle. Il est impératif que de tels événements ne se reproduisent jamais.", exprime Nathalie.
La genèse de ce documentaire a été complexe. Un processus de recours collectif a été engagé, mobilisant des avocats spécialisés pour solliciter tous ceux qui souhaitaient partager leur histoire. De nombreux noms sont apparus, et en particulier en provenance de l'armée canadienne.
Orlando ajoute que les choix des témoignages a été délicat afin de déterminer la meilleure approche narrative. Ainsi, les récits sélectionnés sont si puissants qu'ils se déploient d'eux-mêmes et constituent le cœur battant du documentaire.
Sylvie juge essentiel de sensibiliser le grand public car cette histoire continue d'impacter profondément la vie de nombreuses personnes. En écoutant les témoignages lors de la réalisation du documentaire, une émotion intense dans leurs paroles était encore palpable, même des décennies après les événements, affirme-t-elle. "Ils n'ont pas baissé les bras face aux institutions, ils ont continué de se battre, et leur courage continue de me toucher profondément", confie-t-elle. Leur détermination mérite tout notre respect.
C'est une expérience singulière pour Orlando, une première où tous ses enfants ainsi que sa compagne, figurent au générique. Tous ont apporté leur contribution à différents aspects tels que la musique, la production ou encore la création de l'affiche.
L'idée de ce documentaire a profondément touché le producteur-réalisateur originaire du Chili. Il a été bouleversé de constater que de telles pratiques aient pu exister au Canada. Dans un pays aussi ouvert, la surprise est d'autant plus grande, surtout lorsqu'on considère que ces actes étaient le résultat d'un système mis en place par le gouvernement lui-même. "Ces agissements ont détruit des vies" souligne Orlando, "L'État finançait cela de manière systémique! ».
Aujourd'hui le Canada se distingue par sa promotion active de l'égalité des sexes et du respect de la diversité sexuelle. Mettre en lumière cette histoire étouffée par une forme de censure, tient un rôle crucial pour ce producteur, qui déclare : "Nous ne pouvons pas l'ignorer." Dans un contexte contemporain marqué par une recrudescence de la violence et de l'homophobie, la nécessité d'aborder ces récits devient incontournable. Prendre conscience de ce qui s'est déroulé demeure essentiel, et, à ses yeux, "il faut raconter les histoires" afin de sensibiliser.
Selon Orlando, il est essentiel que la télévision accorde de l'attention à ce type de documentaire pour le grand public. La diminution progressive de l'espace réservé aux documentaires, et plus encore aux productions de fond, est une évolution regrettable. L'importance de les préserver est particulière au Canada, au Québec, où une tradition du documentaire bien ancrée perdure.
Orlando nourrit l'espoir que ce documentaire engendrera des débats et des remises en question. Il aspire à ce qu'il atteigne le gouvernement pour lancer un appel clair : il est temps de dire stop! Car aujourd'hui, les enjeux demeurent, et la lutte doit persévérer. Il s'agit de faire comprendre la valeur de la différence et de considérer la lutte contre l'homophobie comme un combat nécessaire. Ce documentaire doit servir de catalyseur pour la réflexion.